Quelques arrivées plus ou moins récentes

Si Shibuya Deishi reste résolument sur sa ligne, dans la droite ligne du Trésor National Vivant Miwa Kyuwa Kyusetsu X ( 1895 - 1981 ) avec une majorité de formes tournées, dans la plus pure tradition du Hagi Yaki, et quelques formes façonnées, son petit-fils Shibuya Eiichi à fait évoluer ses œuvres dans deux directions.

Photographie © Lixil Gallery

La première est résolument moderne et est tournée vers des céramiques décoratives de taille conséquente. Cette démarche a d'ailleurs été primée en 2012 et une œuvre de Shibuya Eiichi a fait son entrée dans les collections de céramiques contemporaines japonaises du Musée Uragami à Hagi.

La deuxième direction prise par Shibuya Eiichi pour ses céramiques utilitaires semble avoir intégré encore plus avant les techniques transmises par son grand-père tout en essayant de conserver quelques formes de façonnage qui lui sont propres.

Il en ressort un résultat assez harmonieux et très divers qui apporte une certaine fraicheur au style Hagi de la lignée Miwa, ce qui touche enfin ses œuvres développées dans un style qui lui est un peu plus propre, en lignes plus ondulées et en couvertes plus régulières.

Yamane Seigan produit sensiblement les mêmes formes très agréables à la prise en main, tournées puis légèrement déformées par l'empreinte du pouce, mais avec une variété de couvertes qui semble presque infinie et avec des variations au sein du même groupe de couverte ... 

Mais Yamane Seigan semble également se tourner de plus en plus vers des formes façonnées à la main empreintes de plus d'irrégularités et de plus de recherche que ses œuvres courantes ...

Pour finir, Kaneta Masanao semble aussi rester sur son style développé en propre, même si son orientation semble tournée vers les effets issus des modes de cuisson avec ce qui semble être à la fois des expérimentations dans un four Anagama et des expérimentations dans un four à chambre unique.

J'espère que ces quelques acteurs du Hagi Yaki, chacun dans son genre et avec ses visées propres, continueront longtemps à produire leurs merveilles et à faire la vitalité particulière de la céramique de style Hagi.

Japan. Its architecture, art, and art manufactures

 

L'ouvrage Japan. Its architecture, art, and art manufactures, par Christopher Dresser date un peu ... et pour cause, puisqu'il a été écrit et publié à la fin du XIXème siècle, mais on le trouve assez facilement en ligne ... il comporte donc de nombreuses erreurs d'interprétation mais est intéressant car typique des ouvrages de l'époque, car ils décrivent une période de transition dans l'histoire du Japon, celle de l'époque Meiji, où l'ancien Japon côtoie le Japon à venir, période de trouble et de heurts, l'auteur écrivant alors que la première Constitution de l'histoire du pays, n'a pas encore été établie.

 

Sommaire de l'ouvrage :

Partie I

Chapitre I : Yokohama - Le Grand Hôtel - Vues de la rue - Jinrikishas - L'hospitalité japonaise - Sachi - Yedo ou Tokio - Écriture de lettres - Le château - L'hiver au Japon - Le temple de Shiba - Les tombes des Shoguns

Chapitre II : Yokohama - Un feu dans l'hôtel - Un banquet japonais - Les danseuses japonaises - La musique - Manger un poisson vivant - Hara-kiri - Le Mikado - La nouvelle année - Les pompiers de Tokio - Le tressage des nattes japonaises - Le palais Hamagoten

 

Chapitre III : Préparation pour un long voyage - Vers Kobe par la voie maritime - Entrée du Mikado à Kobe - Awadji, Sanda, Arima, Nara - Les collections d'antiquités du Mikado

Chapitre IV : La danse sacrée - Une nuit de fête - Kioto - Les collections royales - Osaka

Chapitre V : Le calendrier japonais - Wakayama - Le froid japonais et la végétation japonaise - Kyoazan - Splendeur des temples et des paysages - Sakai - Nouvelles de la révolte à Satsuma - Retour à Osaka - Fête du dieu de l'abondance

 

Chapitre VI : Le temple de Kioto - Évaluation japonaise de la chrétienté - Les pique-niques - Un honnête artisanat - Le travail de la laque - La valeur des produits coréens - La cérémonie où l'on boit du thé - Otsu - Futamigaura - Kamiji-yama

Chapitre VII : Nouvelles de la rébellion - Isé - Yokkaichi - Les manufactures de Nagoya - Étude estimative de la richesse et des compétences - Le château de Nagoya - Sidsuoka - Retour à Yokohama

Chapitre VIII : Un festival Shinto - Nikkô - Le grand sanctuaire - Arrivée à Tokio - Les rapports japonais et le contrôle de la police

Chapitre IX : Une publication japonaise officielle - L'objet de ma visite - L'exportation du gingembre - La manufacture des tapis, etc.

Partie II

Chapitre I : Religion et architecture

Chapitre II : Analogies et symboles

Chapitre III : La fabrication de la laque

Chapitre IV : La fabrication des poteries

Chapitre V : La fabrication du métal

Chapitre VI : Les moyens d'application de motifs aux tissus

Chapitre VII : Les fabrications mineures du Japon

On l'aura compris, l'auteur présente d'abord ses impressions de voyage, les divers éléments folklorique qu'il est amené à voir, tout en s'inscrivant dans une certaine actualité d'alors, avec la rébellion de Satsuma contre les armées impériales. N'oublions pas, en effet, que l'auteur voyage alors dans un Japon où les attentats contre les occidentaux et les meurtres politiques de membres éminents de la société japonaise ont cours.

 
L'ouvrage s'étend ainsi à de nombreux champs de l'architecture, comme l'a fait Edward S. Morse, mais aussi aux coutumes, aux habitudes alimentaires, aux rites religieux, mais surtout, à l'artisanat. Car c'est bien là le but premier du voyage de Christopher Dresser : analyser quels seraient les marchés potentiels qui pourraient s'ouvrir aux produits d'exportation de l'industrie anglaise mais également identifier les produits japonais qu'il serait possible d'exporter en Europe et réaliser une étude des capacités de production dans ces domaines.
 

Dès lors, l'étude de l'artisanat est relativement détaillée dans divers domaines, dont la céramique, et c'est un œil avisé, même s'il ne comprend pas toujours tout, qui s'attache à restituer par tous les moyens possible alors, l'ouvrage étant abondamment illustré, ce qu'il peut observer dans ce pays qui vient juste de s'ouvrir et qui attire l'intérêt grandissant d'un public occidental dont une partie baigne alors en plein japonisme.

Hojicha " Rishouen "

Fabriqué par la Maison Rishouen, fondée en 1947 à Uji dans la préfecture de Kyoto, ce Hojicha est commercialisé par " Le Bon Marché - Rive Gauche - La Grande Épicerie de Paris " au prix de 14,95 € les 100 grammes ...

Sous sa forme sèche, ce thé dégage des odeurs typiques de paille, d'herbes et de foin séché avec une pointe de biscottes et de pain grillé ... On remarque également que certaines feuilles sont plus foncées que d'autres et que certaines semblent avoir encore des touches de vert.

En bouche, ce sont la paille et le foin qui dominent, là encore avec une grande présence de toast grillé, mais la petite pointe d'astringence habituelle n'est pas là, remplacée par une certaine douceur qui dure pour se changer finalement en longueur en bouche qui rappelle le pain frais mangé conjointement avec du chocolat noir ... c'est très faible, mais c'est assez étonnant, une petite pointe de très fine amertume restant finalement sur la langue.

L'infusion est visiblement constituée de deux types de feuilles, celles qui sont plus marquées par la torréfaction et qui ont pris une touche brune, et d'autres qui sont encore très vertes ... comme toujours, on retrouve aussi un mélange de brindilles et de morceaux de feuilles. L'ensemble donne un thé de relative bonne facture et un Hojicha plus complexe que la moyenne et assez agréable même si un peu cher lorsqu'il est commercialisé par " Le Bon Marché - Rive Gauche - La Grande Épicerie de Paris ", problème qui va peut être s'améliorer au vu de la volonté affichée par la Maison Rishouen de communiquer en anglais mais aussi en français et de développer ainsi ses exportations.

L'article thé

Autant le dire de suite, on pourra sans aucun doute faire l'économie de l'achat de cet ouvrage dont le seul intérêt est de ne pas coûter cher à son éditeur, le texte étant tombé dans le domaine public. On ne cherchera donc pas de données fiables et actuelles dans cet ouvrage dont la publication ne fait que "surfer" sur la mode du thé, nouveau sujet qui semble faire vendre.

De fait, l'article écrit par Louis de Jaucourt est dépassé depuis belle lurette, tout comme une partie des articles de l'Encyclopédie l'étaient déjà à la publication de cette entreprise. L'article, comme la majorité de ceux que l'on trouve dans l'Encyclopédie, et contrairement à ce que l'on croit, ne vise donc qu'à une compilation de connaissances et n'a aucun caractère polémique. Qui plus est, l'auteur n'a visiblement pas d'intérêt particulier pour un objet qui ne l'intéresse pas et qui n'est pas à la mode dans la sphère culturelle pour laquelle il écrit, bien que cet objet se soit déjà fortement implanté alors dans le monde anglo-saxon, et l'article est donc tout à fait partiel dans le domaine du savoir sur le thé, même pour le XVIIIème siècle.

Le seul intérêt du présent ouvrage réside au final dans la préface d'Olivier de Bernon, qui donne à voir quelques éléments de la biographie de l'auteur et retrace quel a pu être le parcours qui a amené à la rédaction de cet article.

Hagi. 400 ans de céramique

 

L'ouvrage Hagi. 400 ans de céramique, est le catalogue de l'exposition éponyme organisée du 17 octobre au 9 décembre 2000 par la Maison de la Culture du Japon à Paris. C'est la seule exposition monographique d'envergure qui a été dédiée au Hagi Yaki en France à ce jour ...

Brûle-parfum Hagi Yaki à pivoines et lion, Miwa Kiraku VI, fin époque Edo. Photographie © MCJP / Collection particulière

 

A exposition exceptionnelle, catalogue hors norme qui constitue une vraie mine d'informations pour qui s'intéresse à la céramique de Hagi. Cet ouvrage est donc d'abord une compilation de photographie, comme tout catalogue d'exposition, mais c'est surtout une compilation des connaissances sur la céramique de Hagi au seuil du XXIème siècle, les divers essais étant l'oeuvre de chercheurs japonais, traduits en français.

Vase Hagi Yaki à carpe remontant une cascade, Miwa Kyusetsu VII, fin de l'époque Edo. Photographie © MCJP / Collection particulière

 

Sommaire détaillé de l'ouvrage :

Liste des prêteurs 

Avant-propos de NII Sekinari, Gouverneur de Yamaguchi

Avant-propos de FUJII Hiroaki, Président de la Fondation du Japon

Avant-propos de ISOMURA Hisanori, Président de la Maison de la Culture du Japon à Paris

Avertissement

Sommaire

Les céramiques de Hagi : quatre siècles d'histoire
          Développement historique des céramiques Hagi à l'époque Edo (1603-1868)
                    Les origines des céramiques de Hagi
                    I - L'ouverture du four officiel de Matsumoto (les céramiques de Matsumoto)
                    II - Le début des fours de Fukuwa et de Sonose : les céramiques de Fukuwa
                    III - Céramiques officielles de Matsumoto : le four de Miwa ; l'apparition des fours de Saeki (Hayashi)
                    IV - Les céramiques de Rakuzan dans la province d'Izumo
                    V - Évolutions du four officiel de Matsumoto ; développement des céramiques d'Obata
                    VI - Évolutions du four de Sonose à Fukuwa
          Les céramiques de Hagi. Époques moderne et contemporaine
                    I - La restauration de Meiji et le déclin des céramiques de Hagi à l'époque moderne
                    II - L'essor des céramiques de Hagi d'après-guerre 

Le style des céramiques de Hagi : élaboration et développement
          Chapitre 1 :  La céramique de Hagi à l'époque d'Edo (1603 - 1868)
                    Les Oribe à pied échancré (warikodai)
                    Les Mishima gravés (hori-mishima)
                    Les bols de style Irabo
                    Les bols "d'après modèle" à motif de grue dressée (gohon-tachizuru)
                    Bols de type Goshomaru
                    Le style Oribe dans les bols à thé de Hagi, et son évolution
                    Les coupes de type waridawara (en forme de sac de paille tronqué)
                    Bol et objets décoratifs de style Raku dans la céramique de Hagi
          Chapitre 2 : La céramique de Hagi à l'époque moderne
                    La céramique de Hagi pendant l'ère Meiji (1868-1912)
                    Deux potiers de Hagi dans la tourmente d'une époque difficile
          Chapitre 3 : La céramique de Hagi à l'époque contemporaine
                    La céramique de Hagi et l’Association japonaise des arts décoratifs
                    La céramique de Hagi et le Nitten (Salon du Japon)
                    La part de la création d'avant-garde dans la céramique de Hagi

Catalogue

     - Époque Edo

     - Époque Moderne

     - Époque contemporaine

Les moules de la famille Miwa

Les caractéristiques de la céramique de Hagi

L'organisation des fours officiels

Les céramiques Hagi : matériaux et techniques de fabrication
          1. L'argile
          2. Le filtrage (tamisage)
          3. Le piétinement de l'argile
          4. Le pétrissage
          5. Le façonnage
          6. Le dégourdi
          7. Les glaçures et leur application
          8. Le four
          9. L'enfournement
          10. La cuisson
          La cérémonie de "l'introduction du feu"

Carte des principaux centres de production des céramiques de Hagi et des lieux d'extraction de l'argile

Notices des œuvres 1 à 72

Liste des œuvres

Liste des organisateurs de l'exposition

Récipient à eau froide Hagi en forme de bourse et glaçure "peau de requin", fin de l'époque Edo. Photographie © MCJP / Collection particulière

 

Le catalogue présente 112 œuvres illustrées individuellement par une photographie couleur, 17  photographies de moules et 5 illustrations en noir et blanc répartis dans les essais. Les pièces de l'époque Edo constituent la majorité des œuvres présentées dans le catalogue, avec une majorité de pièces ornementales de la famille Miwa et de multiples chawan des débuts et du mileu de l'ère Edo.

Bol à thé Hagi de couleur rouge et à pied échancré, milieu à fin de l'époque Edo. Photographie © MCJP / Collection particulière

Coupe Hagi en forme de sac de paille tronqué et à motif de croix, début de la période Edo. Photographie © MCJP / Collection particulière

L'époque moderne couvre une partie de l'ère Meiji et ne présente que 8 pièces en tout, cette période semblant être une période de transition qui va voir ses formes évoluer pour entrer dans l'époque contemporaine.

Récipient à eau froide Hagi en forme de chapeau tressé, Miwa Kyuwa, 1973. Photographie © MCJP / Musée des beaux-arts du département de Yamaguchi

L'époque contemporaine présente 40 pièces qui ont été exécutées entre la fin de la seconde guerre mondiale et la fin des années 90 et qui illustrent bien les trois chemins pris par la céramique de Hagi : la continuité avec la céramique du thé antérieure, la céramique ornementale de grande taille et la céramique avant-gardiste et non-fonctionnelle.

Vase Hagi blanc en forme de seau, Miwa Kyusetsu XI, 1965. Photographie © MCJP / Collection particulière

Vase Hagi à facettes et à couverte de cendres, Miwa Eizo, 1986. Photographie © MCJP / Musée Tanabe

Bol à thé Hagi à glaçure blanche de type Yohen, Kaneta Masanao, 1995. Photographie © MCJP / Musée des beaux-arts du département de Yamaguchi