DemysTEAfication

11 avril 2012

Quelques oeuvres de Yamane Seigan

S'il est un personnage atypique à Hagi, c'est bien Yamane Seigan : d'abord karatéka, il monte son Dojo où il continue toujours à enseigner, puis se lance un jour dans la céramique et monte son propre four - atelier en un an ! Il tient dès lors l'atelier Kousaian, tout en continuant le karaté et la calligraphie.

Ao Hagi

Si les pièces bleues sont caractéristiques de ses productions, celles-ci ne se limitent cependant pas à ce seul aspect. Yamane Seigan explore en effet toutes les facettes du Hagi "traditionnel", s'appropriant les formes et les glaçures "historiques", tout en inventant de nouvelles formes, de nouvelles glaçures et d'autres moyens de les appliquer, semblant d'abord peindre un "motif" pour le laisser finalement dégouliner en surimpression d'un autre ou "essuyant" une partie de la couverte appliquée pour provoquer un retrait partiel de cette dernière, laissant apparaître l'argile cuite tout en la recouvrant quelque peu, presque imperceptiblement.

Yamane Seigan est par ailleurs extrêmement productif, et l'on trouve facilement ses oeuvres qui ne coûtent pas une fortune, du moins pour les pièces courantes. Il a aussi une petite production de luxe, moins courante et plus difficile d'accès.

Hagi bleu

Ensuite, comme toujours, le génie artistique interprète à l'infini les mêmes formes sans pour autant que celles-ci soient identiques ... c'est là aussi la caractéristique de l'oeuvre manuelle et du travail du vrai potier, comme le dit Michel : How can people understand what they are missing if in their lives they don't use handmade pottery ? Pour ma part, je pense qu'il ne comprendront jamais ...

... Alors plutôt qu'un Mug Starbucks en porcelaine ou plus vraisemblablement en faïence de fabrication totalement automatisée, adoptez en un réalisé par Yamane Seigan !

9 avril 2012

Quelques oeuvres de Shibuya Eiichi

Si la connaissance et l'appréciation des œuvres d'art se fait en partie grâce à l'étude et à l'accès au savoir théorique et aux outils d'analyse, c'est avant tout par le regard sur des œuvres que l’œil peut réellement se former.

Ainsi, si la connaissance des aspects techniques de leur fabrication est un élément de la compréhension des céramiques quelles qu'elles soient, il est donc malgré tout nécessaire d'observer le plus grand nombre d'œuvres céramiques pour se faire une idée de leur valeur esthétique et de leur valeur en tant que pièce unique. Je vous présente donc aujourd'hui trois pièces réalisées par Shibuya Eiichi, petit-fils de Shibuya Deishi.

Hagi

Il s'agit là de trois Yunomi, totalement différents cependant, comme vous pouvez aisément vous en rendre compte. Celui qui connaît les œuvres de Shibuya Deishi retrouvera sans conteste son influence dans les deux pièces à partir de la gauche, et plus encore dans la première pièce à partir de la gauche. Malgré tout, il y a de nettes différences avec les œuvres de Shibuya Deishi, une sorte de continuité dans l'évolution, comme je le soulignais déjà dans un article précédent.

D'un point de vue purement technique, Shibuya Eiichi semble utiliser une argile plus raffinée et un engobe plus dur que son grand-père, car le culottage et l'évolution que connaît les pièces de type Hagi-Yaki se fait plus lentement que pour celles de Shibuya Deishi. Cela est peut être aussi le résultat d'une cuisson un peu plus poussée en terme de température.

Enfin, si les deux Yunomi en partant de la gauche sont des pièces d'un type que l'on pourrait qualifier de "courant", il n'en est pas de même de la pièce située à droite : Un "Eiichi's Rock" ... littéralement, une "pierre" ou un "caillou" de Eiichi.

Hagi Yaki

Il s'agit d'une pièce cuite au feu de bois, d'où les coulures "dans" la couverte, qui proviennent de retombées "accidentelles" de cendres, qui se mélangent et se vitrifient avec l'engobe d'origine et qui lui confère cet aspect particulier ainsi que cette couleur légèrement différente. Les bords du Yunomi sont très irrégulier, tout comme le corps, semblant indiquer un montage entièrement réalisé sans tour. L'absence de couverte par endroits sur l'argile "vitrifiée" renforce encore cet aspect brut caractéristique de cette série de Yunomi, parmi les premiers réalisés par Shibuya Eiichi avant qu'il ne réalise aussi des pièces pour le thé plus "conventionnelles".

8 avril 2012

Le thé à Paris

comptoirs, boutiques, salons, rituels ...
Couverture de l'édition 2009
Les éditions Parigramme éditent depuis quelques années, dans leur collection "Paris est à nous", un petit ouvrage de Christine Barbaste qui, mine de rien, en est à sa troisième édition, la première datant de 1996. L'intérêt de ce genre de guide réside dans la compilation d'adresses connues et surtout inconnues, ce qui permet parfois de faire de belles découvertes.

paris est à nous
Couverture de l'édition de 1999

La dernière mouture date d'avril 2009 et naturellement les informations qui sont à l'intérieur peuvent ne plus correspondre tout à fait à la réalité. Mais l'ouvrage reste intéressant pour qui désire découvrir Paris sous l'angle des comptoirs et des salons de thé. Malgré tout, l'ensemble ne se limite pas à une compilation d'adresses commentées et ce livre peut aussi servir de base à une découverte rapide de ce qu'est le thé, une sorte de B.A.B.A. du thé en somme.

guide paris est à nous
Couverture de la première édition datant de 1996
Le sommaire de l'ouvrage donne une bonne idée du contenu et pourrait se résumer de la façon suivante, une fois tous les sous-titres et les grandes lignes rajoutés :

L'Hexagone à l'heure du thé
Le thé en France
Comment le goût du thé vint aux français

1. Des jardins aux comptoirs
( La fabrication du thé )
Origines et personnalités
Familles nombreuses : les thés chinois
les thés blancs
les thés jaunes
les thés verts
les oolongs ou thés bleu-vert
"Thés rouges"
Les thés "noirs"
( Thés chinois façonnés )
Sur la route des Indes
Les thés d'Assam
Les jardins de Darjeeling
Les thés du Sri Lanka
L'archipel du thé vert
Les autres origines
( Le "thé rouge" )
Des feuilles dans tous leurs états
Les feuilles
La désinence OP, GFOP, T, F, S
B
Petites brisures
P et S
( Thé en sachet )
Choisir son thé
Le taux de théine
Les tanins
Avant d'acheter du thé
Les détaillants de thé en vrac
Un diagnostic de vos goûts
Grand seigneur ou mélange ?
Les thés aromatisés
( Thé et agrumes )
( Sucre ? Citron ou lait ?
Comptoirs parisiens
Petits conseils et petits calculs
Acheter par petites quantités
Température de l'eau et temps d'infusion
Carte personnelle du thé
Les adresses
Classement par arrondissement

2. Objets du culte
( Histoire d'eaux )
Du bon usage des théières
Les théières en terre cuite
Les théières en porcelaine
Les théières en fonte
( théières "folles" )
Les théières en faïence émaillée
Les théières en verre
Les théières à enveloppe isotherme, métallique et amovible
Les théières métalliques
Les tasses à infuser
Les accessoires
Infuseurs
Boîtes à thé
Petits objets
Des styles et des boutiques
Soleil Levant
Adresses
Le temps des caravanes
Adresses
Thé dans un jardin anglais
Adresses
Méli-mélo
adresses

3. Tasses de thé parisiennes
Grands seigneurs, grands voyages
Quelques heures dans une maison de thé
Adresses
Un thé au Tibet
Adresses
La "voie du thé"
Adresses
Décors à la carte
Un thé dans une maison coloniale
Adresses
Au vrai chic parisien
Adresses
Charming tea
Adresses
Very british
Adresses
A l'ombre des passages
Adresses
Plus près du ciel
Adresses
Splendeurs orientales
Adresses

4. Se Passionner
Ateliers et conférences
Adresses
S'initier à la dégustation des thés chinois avec un maître de thé
Adresse
S'essayer à l'art du "gong fu cha" en autodidacte
Adresse
A visiter
Adresses
A lire, pour découvrir la grande et la petite histoire du thé
Références
Le thé en ligne
Adresses
Thé bio en VPC
Adresse

5. Teamania
Les gelées de thé, préparées à base d'infusions
Chocolats et confiseries
Adresses

Index

On l'aura compris, la plus grande part de l'ouvrage est une explication basique sur le thé et les divers ustensiles les plus courants liés au thé. Il donne cependant de multiples adresses dans une autre part, même si certaines se répètent dans plusieurs catégories. La partie sur les adresses internet, même si ce n'est pas le sujet de l'ouvrage, est largement superflue et ne donne que trois références depuis longtemps connues de tous et facilement accessibles par le biai de n'importe quel moteur de recherche. On pourra ensuite disserter sur les partis pris, comme le fait de considérer que l'initiation au gong fu cha seul ou avec un "maître de thé" ne peut se faire qu'à la Maison des Trois Thés ou s'il est encore juste d'accoler les termes "Musée du thé" à une description de Mariage Frères ... mais ce serait perdre un temps précieux, chacun ayant son propre avis sur ces questions ...

3 avril 2012

Un art particulier : Les Rochers de Lettrés

exposition musée guimet

Comme je l'écrivais dans un précédent billet, une exposition, intitulée "Rochers de Lettrés. Itinéraires de l'art en Chine", se tient jusqu'au 25 juin 2012 au Musée Guimet. L'exposition présente surtout quelques rochers de Lettrés, pièces étonnantes, mais aussi des racines spectaculaires, toutes enchâssées dans des socles en bois précieux finement ouvragés. A côté de ces pièces, on peut également admirer quelques meubles de l'époque Ming et divers petits objets, liés aux Lettrés, comme des pots à pinceaux, des poids à papier ou encore des pierres à encre, l'immense majorité provenant des collections du studio Xiaogushan guan.

pierre de rêve
Photographie © Musée Guimet / Studio Xiaogushan guan

Si l'alcool est évoqué à travers diverses peintures, le thé n'a malheureusement pas sa place dans cette exposition, qui conserve un grand intérêt malgré tout pour tout amoureux de la culture chinoise. Les liens entre les pièces anciennes et les créations modernes  de Liu Dan ainsi que celles de Zeng Xiaojun, sont aussi une composante majeure de cette exposition hors norme qui appelle à la contemplation, dont Catherine Delacour, Conservatrice en chef au musée des arts asiatiques Guimet, assure le commissariat. Catherine Delacour est également la directrice du catalogue ( dont la couverture sert d'illustration à cet article ) publié à l'occasion de cette exposition, et témoignage de l'immense travail accompli pour monter cette exposition qui "a le mérite de sortir de l'ordinaire", pour reprendre les mots du texte de présentation de la quatrième de couverture.

Pierre de rêve
Photographie © Musée Guimet / Studio Xiaogushan guan
Pour le "reste", l'ambiance était toute autre cette fois-ci dans ce grand bâtiment, et le plus grand musée asiatique d'Europe était égal à sa réputation. Toutes les lumières étaient cette fois-ci allumées, même si certaines autres remarques sont toujours valables, notamment sur les céramiques et l'espace dédié aux arts du Japon. Par ailleurs, l'exposition "Sho 1 - 41 maîtres calligraphes contemporains du Japon" ( se tenant du 14 mars au 14 mai 2012 ) a entraîné une modification de la muséographie habituelle du deuxième étage, ce qui semble donner un peu de dynamisme à ce dernier.

30 mars 2012

Les Marques de Shibuya Eiichi

Shibuya Eiichi est le petit-fils de Shibuya Deishi, qui tient l'atelier Odaibagama à Hagi, nom d'une ville côtière, mais aussi d'un style de céramique, le Hagi-Yaki.

Je le répète ici encore une fois, le Hagi est une couverte appliquée, c'est-à-dire qu'une fois l'objet créé à partir d'argile, puis mis à sécher, il est recouvert d'une glaçure ( ou engobe ) qui va lui donner sa couleur;

Si on trouve les oeuvres de Shibuya Deishi assez facilement sur internet, il n'en est pas de même de celles de son petit-fils, qui sont plus rares, au sens où il "débute" et où il commence à se faire un prénom. Quelques unes de ses œuvres ont été d'ailleurs remarquées, en particulier ses "Rocks", véritables yunomi-cailloux très originaux et réellement particuliers dans le monde de la céramique "utilitaire". C'est justement ce genre de produits qui me fait penser qu'un brillant chemin devrait s'ouvrir pour Shibuya Eiichi, car c'est une sorte de mariage entre une céramique ancestrale ainsi que traditionnelle par bien des aspects et une céramique résolument moderne dans ses formes.

On voit également par d'autres créations une réelle filiation avec l’œuvre de son grand-père qui lui transmet visiblement une multitude de secrets de fabrication qu'il semble assimiler tout en y apportant des modifications visibles si on prête une certaine attention à ses créations.

Après cette petite présentation, parlons de ses marques. Pour ce qui est de celles-ci, il semble qu'il y ait tout d'abord une marque que je qualifierai de "marque de jeunesse" et qui est en fait sa signature :

Hagi

Hagi yaki

On retrouve aussi cette signature, un peu plus facilement lisible sur les Tomobako, accompagnée par son cachet :

Hagi

Shibuya Eiichi

Ce cachet semble servir désormais de nouvelle manière de marquer ses pièces, à la manière dont le fait son grand-père Shibuya Deishi pour ses propres pièces :

Shibuya Eiichi

Cette marque semble d'ailleurs un peu imparfaite, difficilement lisible, comme si Shibuya Eiichi cherchait encore à obtenir quelque chose approchant plus parfaitement le cachet qui orne ses Tomobako.