DemysTEAfication

21 février 2012

Une oasis de verdure perdue au milieu du désert urbain

S'il est un lieu surprenant au plus haut point à Paris, c'est bien le jardin japonais et le pavillon de thé ( Chashitsu ) du Musée Guimet, ou plutôt de son annexe oubliée, les galeries du panthéon bouddhique au 19 de la rue d'Iéna.

Une oasis de verdure perdue au milieu du désert urbain

Le pavillon en lui-même fut conçu par Nakamura Masao et réalisé par Yamamoto Takaaki, au milieu d'un jardin d'inspiration japonaise créé par Robert Bazelaire.

Une oasis de verdure perdue au milieu du désert urbain

Le panthéon bouddhique est déjà un endroit des plus surprenant, du fait de sa muséographie, de la richesse et de l'étendue de ses collections, réparties sur deux étages au sein de l'hôtel d'Heidelbach.

statues musée guimet
La monumentale réplique XIXème du mandala sculpté du Tôji ( taille moyenne des personnages : 60 cm, diamètre moyen des bases : 70 cm, taille moyenne totale de chaque sculpture : 1 m 30 )

Si le panthéon bouddhique, à lui seul, mérite déjà une visite, en particulier du fait de la présence de la réplique du mandala sculpté du Tôji ( "une projection du monde bouddhique selon l'ésotérisme Shingon" pour citer l'ouvrage Le panthéon bouddhique au Japon - Collections d'Emile Guimet par Bernard Frank, et certainement un ensemble unique en Europe et dans le monde occidental en général ), il en est de même du jardin et de son pavillon de thé.

Si l'entrée dans le panthéon bouddhique constitue une rupture avec le monde, l'entrée dans le jardin lui-même constitue une coupure supplémentaire avec le monde moderne. On se retrouve en effet, alors que les grands boulevards et leur agitation sont à moins de 100 mètres à vol d'oiseau, au centre d'un monde mêlant eau, minéraux et végétaux, où le calme règne en maître.

lanterne japonaise

Au milieu de cette oasis de verdure et de calme, se dresse une maison de thé. Au premier abord, il n'y a là qu'une sorte de grande cabane de jardin, mais un examen plus attentif révèle un trésor de précision dans l'exécution de la charpente de cette maison de bois et de papier.

Une oasis de verdure perdue au milieu du désert urbain

Une oasis de verdure perdue au milieu du désert urbain

Une oasis de verdure perdue au milieu du désert urbain

pavillon de thé

pavillon de thé

De la même façon, cette précision dans l'exécution se révèle aussi à travers les divers matériaux utilisés : bois, pierre, écorce, bambou entier ou tressé. Tout est d'une extrème finesse bien que les matériaux semblent bruts.

pierres de fondation

écorce

construction d'un pavillon de thé japonais

Voilà donc bien une oeuvre d'art d'un autre style, par ailleurs toujours vivante puisque des cérémonies du thé y sont toujours organisées, et c'est toujours pour moi un plaisir de me rendre dans cet endroit si surprenant et si calme ... un espace d'infinie contemplation.

19 février 2012

Galette Pu Erh Shu Menghai " 7572 " millésime 2007

recette 7572

Voici en quelque sorte, la suite d'un article précédent. Peu de choses changent pour l'aspect général extérieur donc : la galette fait aussi 357 grammes, elle est aussi produite par la firme Menghai Tea Factory qui appartient au groupe Taetea, toujours dans le Xishuangbanna au Yunnan. La "recette" est la 7572, que l'on ne présente plus non plus, car elle est relativement connue. Elle est mise en vente au prix de 70 € par la boutique L'esprit du thé, là encore.

Galette Pu Erh Shu Menghai 7572

pu erh cuit

Galette Pu Erh Shu Menghai 7572

Les photographies parlent d'elles-mêmes et on ne peut faire que les mêmes constatations que précédemment : protection par une certaine standardisation, par un pliage de l'emballage spécifique, par l'indication de la date d'emballage, par l'apposition d'un logo sécurisé avec bande holographique insérée dans le papier et encres visiblement différentes, dont une partie doit vraisemblablement changer de couleur sous un éclairage ultra-violet pour laisser apparaître une marque quelconque pour prouver l'authenticité de la galette ( je suppose, ici aussi ). Là encore, l'ouverture entraîne la détérioration du papier d'emballage et de l'étiquette de protection. De la même manière, le Nei Fei est lui aussi pourvu de sa bande holographique et de ses encres différentes qui doivent certainement réagir différemment aux ultra-violets.

Galette Pu Erh Shu Menghai 7572

pu er shu

Il est certain que tout ceci peut toujours se contrefaire de façon plus ou moins aisée, mais il faut admettre qu'il faut tout de même être relativement motivé pour ne pas oublier un détail et arriver au même niveau. De plus, tout ceci engendrerait des coûts supplémentaires qui ne seraient pas rentables pour un millésime récent.

Si un soin extrême à été mis dans l'emballage de la galette, son pressage lui, par contre, a été un peu plus "bâclé" et compressée à la chaine ( le trou central, formé par la boule du surplus de tissu qui contient le thé au pressage, n'est pas au centre, n'est pas rond et est de profondeur irrégulière, signe d'une grande hâte dans la mise sous presse ). La compression elle-même est assez forte et il est difficile de détacher de petits blocs, qui restent encore eux-mêmes très compacts, après un rinçage et deux infusions.

thé cuit

thé pu er

Au nez, si les odeurs d'humus sont bien présentes, comme de coutume, on sent aussi le miel et les fruits, ce qui est, il faut le dire, prometteur.  La liqueur est, elle, d'un beau rouge-brun sombre.

En bouche, l'humus est accompagné d'une pointe d'amertume qui disparaît rapidement pour laisser la place à une note fugace d'amandes et de champignons de Paris. Assurément, l'ensemble est assez complexe pour un Pu Erh cuit.

recette 7572

L'infusion comprend cependant peu de brindilles contrairement à l'usage, bien que j'ai pu y trouver un morceau d'écorce issu du tronc.

Galette Pu Erh

La très grande majorité de l'infusion est, de plus, formée de feuilles de taille moyenne relativement morcellées, un peu enroulées sur elles-mêmes et qui se désagrègent si on essaie de les déplier.

Pu Erh Shu

La recette 7572 de la Menghai n'est peut être pas à la hauteur de sa légende, ou ne l'est plus, mais elle ne se situe pas néanmoins dans les plus mauvais Pu Erh, de mon point de vue. Quoi qu'il en soit, elle voit malgré tout ses prix passer du simple au double entre un millésime 2009 et millésime 2007 ( "inflation" inférieure à celle que connaît le Pu Erh Sheng sur la même période cependant ) ... preuve que les légendes ont la vie dure et soutiennent encore les prix, le cas échéant.

16 février 2012

Galette Puerh Shu 2006 par la CNNP

pu erh cuit

Un "classique" d'une grande "firme" chinoise, La China National Native Produce & Animal By-Products Import & Export Corporation, alias la CNNP. Il s'agit bien sûr ici d'un Pu Erh cuit, encore et toujours une galette de 357 grammes, mise ne vente par L'esprit du thé au prix de 45 euros.

pu erh cuit

La galette a l'air assez compressée et les marques du tissu qui sert a retenir les feuilles pour la mise sous presse hydraulique sont bien visibles. Les feuilles se détachent pourtant sans trop de problèmes. Visiblement, il n'y a que des feuilles, qui ont l'air bien entières.


pu erh shu
Le sinogramme "Cha" ( thé ) ... au cas où vous auriez oublié ce que vous buvez ...

Une odeur d'humus se détache tout de suite de l'ensemble, accompagnée par une odeur de feuilles mouillées et de pluie dans les sous-bois. La liqueur est d'un beau rouge-brun foncé et la photographie ne lui fait pas honneur, car la liqueur apparaît plus sombre qu'en réalité.

galette de thé

En bouche, viennent le cuir, la pierre et l'humus. Le tout s'estompe sur une impression de feuilles humides. Pas désagréable et assez complexe et fin.

L'infusion est constituée  de quelques petites brindilles et essentiellement de feuilles de tailles moyennes relativement roulées sur elles-mêmes, qui se désagrègent si on essaie de les dérouler.

galette de thé

palais des thés

Pas trop mal donc, pour cette galette, en particulier pour la relative "complexité" de son bouquet aromatique en bouche. Je m'attendais pourtant à mieux, vu la renommée qui entoure la CNNP et vu "l'article" qui m'avait été fait pour ce thé.

15 février 2012

Galette Pu Erh Shu 2011 par la Xin Zhong Shan Tea


galette de thé

La présente galette pèse ses bons 357 grammes, comme de coutume. Elle est en vente actuellement au Palais des Thés ( qui ces dernières années, vend chaque saison une galette de Pu Erh cuit sous le terme générique de Chi Tse Beeng Cha ) au prix de 16 euros. L'emballage est assez joli, reprenant comme motif une fleur peinte à l'encre, le tout sur un excellent papier très soyeux de la meilleure qualité. Si on s'arrête ici, on a sans nul doute une belle galette, mais à partir de là, les choses se gâtent.

Galette Pu Erh Shu Xin Zhong Shan Tea

Son odeur est un peu plus plate que celle vendue par le Palais des Thés l'année précédente, et sent un peu la feuille et le sous-bois, mais le tout n'est vraiment pas très expressif.

Galette Pu Erh Shu Xin Zhong Shan Tea

La compression semble assez forte et l'on distingue immédiatement des morceaux de brindilles assez longs. Les feuilles semblent elles de tailles très variables, avec surtout des petites  feuilles. En outre certaines, par endroit, ont l'air cassées. Au moment de détacher les feuilles, la forte compression se confirme et ce sont plutôt des plaques qui cèdent que des feuilles entières.

pu erh cuit

Après un rinçage éclair, une infusion extrêmement rapide ( moins de 10 secondes ) suivi par une deuxième extrêmement rapide ( 5 secondes ) donnent le même résultat : un brun plus que sombre, de la couleur d'un café serré. Au nez, on sent l'humus ou la terre humide, ainsi que l'orange amère, ce qui reste assez prometteur. En bouche, seule l'humus est présente, sans compromis et jusqu'au bout ... malgré tout, la liqueur est très ronde et il y a même une très légère persistance sucrée.

Pour ce qui est de l'infusion, la description qui en est faite ( je cite : « En infusant, les feuilles se désagrègent progressivement et libèrent leurs arômes » ) explique peut être ce qui s'étale ci-dessous :

pu erh shu

Galette Pu Erh Shu Xin Zhong Shan Tea

A savoir l'absence totale de feuilles entières, grandes ou petites, mais une multitude de brindilles et de petits morceaux. Par contre, cela explique la couleur sombre obtenue dès le départ. Je n'ai pas vu de réelles feuilles dans la théière au cours des infusions, donc je me demande s'il y en a réellement et si toute la galette n'est pas simplement constituée de morceaux et de brindilles qui elles, par contre, ne se désagrègent pas ...

Au final, je dirais que l'emballage est vraiment ce qu'il y a de plus beau dans cette galette, mais que le reste n'est pas vraiment à la hauteur.

12 février 2012

Galette Pu Erh Sheng Menghai " 7542 " millésime 2007

recette 7542

Une fameuse galette de 357 grammes de la Menghai Tea Factory qui appartient au groupe Taetea, la "recette" 7542. Mise en vente au prix de 80 € par la boutique  L'esprit du thé. Visiblement, le groupe en question protège ses galettes par une certaine standardisation  et par l'apposition d'un logo sécurisé avec bande holographique insérée dans le papier et encres visiblement différentes, dont une partie doit vraisemblablement changer de couleur sous un éclairage ultra-violet pour laisser apparaître une marque quelconque pour prouver l'authenticité de la galette, je suppose.

recette 7542

recette 7542

L'ouverture déchire une partie de l'emballage papier et endommage aussi le logo autocollant au niveau de la bande holographique qui se déchire un peu. Le dépliage laisse apparaître  une date cachée auparavant par les plis du papier.

Galette Pu Erh Sheng Menghai 7542

Meng Hai

Noyée dans la galette, la traditionnelle étiquette ( Nei Fei ) qui, là encore, possède sa bande holographique et ses encres différentes qui doivent certainement réagir différemment aux ultra-violets. Une grande standardisation dans l'emballage et des signes de forte industrialisation dans celui-ci ... on est loin de la petite galette produite localement en petite quantité.

pu erh cru

Galette Pu Erh Sheng

Le contour de la galette est un peu irrégulier, et le pressage n'est pas très fort. Le thé se détache donc sans trop d'efforts et de grandes feuilles bien entières tombent sans problème. La liqueur est d'un jaune qui commence à foncer, avec une légère odeur de cuir. En bouche, vient de suite une légère pointe d'acidité, mais sans astringence. On peut reconnaître un léger goût d'orange amère qui laisse rapidement la place à celui d'herbes séchées et de tilleul accompagnés d'une pointe de tabac blond.

Galette Pu Erh Sheng Menghai 7542

Sur le plan de la composition, il y a "un peu de tout" à savoir un ou deux bourgeons perdus, des feuilles moyennes, mais surtout de grandes feuilles bien entières, qui composent sans nul doute la plus grosse partie de l'infusion. Naturellement, il y a quelques petites brindilles éparses, mais sans rien de vraiment significatif, et une "bizarrerie", une capsule ( fleur de thé pollinisée ) et ses trois graines.

Galette Pu Erh Sheng Menghai 7542

Le plus "étonnant" est la présence de feuilles très sombres : thé "violet" ou feuilles plus anciennes incorporées pour la "recette" ? Quoi qu'il en soit, il me semble qu'une certaine hâte a présidé au tri des feuilles qui composent cette "7542".

pu erh cru

Au final, un thé pas mauvais du tout, mais pas non plus un nectar, et certaines petites séries s'en tirent mieux malgré leurs variations, en comparaison à cette "Rolls" standardisée. Mais la renommée ( même un peu usurpée désormais ) crée la forte demande, ce qui entraîne une rapide raréfaction des anciens crus de la marque et, par là même, la flambée de leurs prix ( il y a presque une multiplication par trois du prix entre une 2009 et une 2007 de la même recette, et encore, il faut réussir à en trouver une ... ).