Céramique Chinoise | DemysTEAfication
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20 novembre 2015

La porcelaine : Les bases techniques

imari japonais

Les pâtes de porcelaine sont constituées, à peu de choses près, d'une moitié de kaolin, d'un quart de silice et d'un quart de feldspath. La couleur blanche de la porcelaine est due au fait que le kaolin contient essentiellement des silicates d'aluminium tout en contenant une part infime d'oxyde de fer.

Si la plupart des articles de porcelaine sont fabriquées par moulage ( que ce soit par coulage dans un moule ou par pressage dans une forme ), certaines porcelaines peuvent être également tournées. Dans ce dernier cas, on obtient généralement des pièces assez épaisses.

La technique du pressage est assez facile à comprendre : on applique la pâte de porcelaine sur une plaque, on l'égalise à la presse ou au rouleau, on la découpe à peu près à la taille du moule plat, on l'insère dans le moule plat, on presse la contre-forme puis on découpe ce qui dépasse. Ne reste plus qu'à retirer la pièce moulée et la laisser sécher :
moulage de la céramique
On obtient ainsi des pièces standardisées suivant l'atelier ou les ateliers. Cette méthode est très pratique, en particulier pour les pièces plus ou moins plates, comme les plats, les assiettes et les bols.

La technique du coulage est tout aussi simple : on coule la pâte de porcelaine liquide sur ou dans une forme, on évacue l’excédent, on laisse sécher, puis on recommence l'opération, jusqu'à obtenir l'épaisseur finale désirée :
coulage de la porcelaine
Aujourd'hui, bien sûr, cette technique s'est "modernisée" et il suffit de projeter des couches fines avec du matériel du type des pistolets à peinture qui fonctionnent avec un simple compresseur. C'est par le biais de cette technique que l'on obtient les articles de porcelaine les plus fins et donc les plus translucides.

thé et céramique

En effet, si la caractéristique principale de la porcelaine est de laisser passer la lumière, toutes les porcelaines ne sont pas égales sur ce plan : plus une porcelaine est  épaisse, moins elle sera translucide et donc les porcelaines tournées et bon nombre de porcelaines moulées, même s'il ne faut pas les confondre avec les faïences, ne sont généralement que peu, voire pas du tout, translucides.

Guan Yin en porcelaine
 
Reste la technique du tournage qui concerne en général des pièces  de forme assez simple, pour lesquelles on place une boule de pâte sur un tour de potier et on procède ensuite au montage.

Cette technique laisse généralement des traces visibles à l’œil, rarement à l'extérieur de la pièce car on peut y procéder à un lissage avec un instrument en bois, mais le plus souvent à l'intérieur. Malgré tout, en passant la main sur l'extérieur d'une pièce tournée, on pourra sentir les traces d'un tel façonnage.

porcelaine japonaise imari

Pour ce qui est de la cuisson des porcelaines, une fois la pièce sèche, on procède à une première cuisson sans émaillage entre 900° et 1000° Celsius sans que cette dernière température soit dépassée. On obtient une pièce de porcelaine plus ou moins tendre et plus ou moins poreuse selon la température de cette première cuisson. C'est à cette étape que l'on applique les décors sous couverte.

On procède ensuite à l'émaillage puis à la cuisson définitive entre 1260° et 1400° Celsius. La porcelaine devient alors très faiblement poreuse, d'autant plus qu'elle a dès lors une couverte translucide. Cette cuisson à haute température entraine de forts risques de déformation et un retrait important qui marquent parfois les pièces. C'est après cette étape, une fois la pièce refroidie, que l'on procède à la pose du décor sur couverte puis à une cuisson vers 800° Celsius au moins.

blanc de chine

8 novembre 2015

Yixing Pottery. The World of Chinese Tea Culture

céramique chinoise

L'ouvrage Yixing Pottery. The World of Chinese Tea Culture, de Chunfang Pan est publié aux éditions Long River Press à San Francisco. Il s'agit d'un ouvrage publié à l'origine en chinois et traduit en anglais. De prime abord, suivant sa table des matières, l'ouvrage semble vouloir être un petit guide de la poterie de Yixing, abondamment illustré, retraçant l'historique de ce type de céramique et abordant quelques points techniques pour mieux expliquer ce qui caractérise les différentes céramiques de Yixing.

J'ai bien dit " semble se vouloir ", car bien que l'ouvrage ne fasse que 80 pages, il est plus proche d'un ouvrage d'érudition sur les maîtres contemporains de Yixing que d'un livret pouvant servir de base sur la céramique de Yixing.

Chen Mansheng teapots
Théières fabriquées par Chen Mansheng. Croquis © Shanghai People's Fine Arts Publishing House / Long River Press

Sommaire détaillé

Introduction

1. La poterie de Yixing : Origine et Développement

2. Le moine du temple Jinsha et la théière "Gongchun"

3. La céramique de Yixing durant les dynasties Ming et Qing

4. Les artistes de théières fameux

5. La céramique Zisha en Chine et à l'étranger : Prospérité et déclin

6. Les maîtres de la céramique Zisha

Ren Ganting (1889-1968)
Pei Shimin (1892-1979)
Wu Yungen (1892-1969)
Wang Yinchun (1897-1977)
Zhu Kexin (1904-1986)
Gu Jingzhou (1915-1996)
Jiang Rong (1919 - ...)

7. Les " artistes industriels avancés "

Xu Hantang (1933-...)
Xu Xiutang ( 1937-...)
Tan Quanhai (1937-...)
Lu Raochen (1940-...)
Wang Yinxian (1943-...)
He Daohong (1943-...)
Bao Zhiqiang (1946-...)

8. Les " Huit célèbres artistes industriels de la province du Jiangsu "

Li Canghong (1937-...)
Xu Chengquan (1939-...)
Wu Zhen (1941-...)
Xie Manlun (1942-...)
Zhou Guizhen (1943-...)
Bao Zhongmei (1944-...)
Gu Shaopei (1945-...)
Pan Chiping (1945-...)

9. Caractéristiques de l'argile pourpre

10. Usages et formes

11. Méthodes de décoration

Le changement de texture
Les lignes

12. Sculpture et peinture

Peinture
Impression et collage
Glaçure
Mosaïque
Gravure

13. L'appréciation et la collection des céramiques Zisha

La forme
L'argile
La cuisson
L'habileté de l'artisan
La décoration
L'utilité

Table chronologique des dynasties chinoises


Néanmoins, cet ouvrage fourni bon nombre de données intéressantes, et qui viennent contredire bon nombre d'histoires racontées jusqu'il y a encore peu, quand les vendeurs étaient presque la seule source accessible sur la céramique de Yixing.

Cela commence avec les bases historiques, et rappelle que Yixing est une aire de production de céramique depuis le XIème siècle avant J.C. et que l'industrie de la céramique a été continue dans cette zone depuis cette période ... On y a produit d'abord des pièces d'apparat avec couverte céladon ( donc des produits de grande taille ) puis par la suite des céramiques pour des usages de tous les jours.

théière en zisha époque ming
Les types de théières en Zisha trouvées lors de fouilles archéologiques. Schémas © Shanghai People's Fine Arts Publishing House / Long River Press

En ce qui concerne la production de théières, rapportée à d'autres sources comme les collections du Flagstaff House Museum Of Tea Ware, on constate que les formes sont assez limitées. De plus, les volumes sont assez conséquents par rapport à nos théières modernes, avec des théières d'une contenance de plus d'un litre à une contenance de 400 - 600 ml, et il faut attendre la fin de la dynastie Ming pour voir des théières plus petites de 80 - 200 ml, celles-ci semblant être l'exception

Ainsi, pendant près de trois millénaires, Yixing est une aire de forte production de céramiques et les périodes Ming et Qing sont les périodes les plus prospères pour la céramique de Yixing, les céramiques de Yixing étant en outre aussi produites pour l’exportation et introduites en Europe à partir de 1635. Rappelons également que la collection dont est issu cet ouvrage vise avant tout à promouvoir les arts traditionnels de la Chine en suscitant des vocations de collectionneurs. Pourtant, le " problème " de la " terre épuisée " n'est pas abordé alors que cela constituerait un intérêt majeur pour instituer un instinct de collection en introduisant l'aspect de rareté. Ainsi, ces renseignements, s'ils semblent anodins, mettent sérieusement à mal le mythe de la " terre épuisée ", porté par quelques vendeurs occidentaux ou vendant en premier lieu à des occidentaux.

factory 1
Photographie illustrant le contre-plat et la garde volante de l'ouvrage, illustration de ce que pouvait être un atelier-usine d’État du type de la fameuse "Factory 1 ". Photographie © Shanghai People's Fine Arts Publishing House / Long River Press

Il en va de même pour la multiplication des types de terre que l'on peut rencontrer depuis moins d'une décennie chez les vendeurs de théières de Yixing. L'ouvrage est très clair à ce sujet : il y a trois sortes d'argile de type Zisha : l'argile pourpre, l'argile rouge et l'argile verte. A ces trois types, se rajoute l'argile vermillon, le Zhuni donc.

L'argile pourpre devient généralement rouge-brun ou brun foncé à la cuisson. A cette terre, l'artisan peut ajouter du fer ou de l'argile vermillon pour varier les effets de couleur. L'argile rouge, quand à elle, devient vermillon après cuisson ( caractéristique d'où, visiblement, nait le fait que bon nombre de vendeurs tentent de faire passer cette argile rouge pour du Zhuni ). La contraction de l'argile rouge est élevée, tout comme l'argile vermillon, contrairement à l'argile pourpre qui ne produit qu'un retrait de 10% à la cuisson. L'argile verte devient blanc cassé après cuisson et apparait en petites quantités, d'où son utilisation surtout pour la décoration.

théières par Chen Mansheng
Théières fabriquées par Chen Mansheng. Croquis © Shanghai People's Fine Arts Publishing House / Long River Press

9 octobre 2015

Porosité, température de cuisson et structure chimique

hagi yaki

Pour le buveur de thé, la porosité des ustensiles qu'il utilise va jouer un rôle non négligeable sur le résultat final. En fonction du résultat voulu, il se tournera donc vers la porcelaine ou une terre très poreuse, en passant par toutes les variations et les combinaisons d'ustensiles possibles.

C'est ici que la température de cuisson rentre en ligne de compte. Du grès Raku cuit aux alentours de 750° Celsius à 1000° Celsius qui sera très poreux à la porcelaine imperméable car cuite entre 1250° Celsius et 1400° Celsius, on voit aisément quel rôle joue la température de cuisson sur les pâtes contenant de l'argile, du kaolin, de la chamotte, de la silice et / ou du feldspath. Si l'on excepte la faïence, plus la température est élevée, plus le résultat est imperméable car vitrifié.

thé et céramique
Un tesson d'un grès Raku. On constate que la brisure n'est pas lisse, signe d'un vitrification imparfaite qui explique la porosité des pièces engendrées par ce type de cuisson

blog sur la céramique
Un tesson de porcelaine. On constate que la brisure est plus nette, signe d'une haute vitrification qui explique l'imperméabilité des pièces engendrées par ce type de cuisson. Au passage, c'est aussi la haute température de cuisson qui va également faire migrer les particules d'oxyde de fer et créer des agrégats.

C'est ici que rentre en ligne de compte la composition chimique de la pâte, qui explique notamment que la faïence réagisse différemment :

Si l'argile constitue la plus grande part d'un objet en céramique, ce sont bien souvent les adjonctions qui vont donner à l'argile ses qualités plastiques et donc aider au modelage. Ainsi, la pâte de porcelaine, doit souvent être façonnée par coulage ou par pressage ( avec l'aide de moules donc ) car trop liquide et c'est le biscuitage ( une première cuisson à des températures entre 900° Celsius et 1000° Celsius ) qui va lui donner sa tenue.

C'est l'adjonction de chamotte, de la silice et / ou du feldspath qui va faciliter le modelage, tout en augmentant l'imperméabilité de l'argile et donner à celle-ci de la tenue, lui permettant notamment de rester debout avant la cuisson et de ne pas s’affaisser sur elle-même.

La faïence représente une exception à cet effet de progressivité entre la température de cuisson et l'imperméabilité car sa structure chimique diffère. La faïence est en effet cuite entre 1000° Celsius et 1200 ° Celsius, ce qui devrait lui conférer une certaine imperméabilité, mais au contraire des terres cuites, des grès et des porcelaines, on ajoute à l'argile qui va servir à composer les faïences du calcaire. C'est cette structure chimique différente qui va induire une forte porosité et une plus grande fragilité structurelle malgré une température de cuisson relativement importante.

13 mai 2015

Secrets de Tournages

La céramique de Hagi, ou Hagi Yaki, est principalement une céramique tournée, c'est-à-dire que les pièces en Hagi sont majoritairement réalisées au tour de potier. Certaines pièces sont cependant montées à la main sans tour ou sculptées, et si la majorité des potiers de Hagi fabriquent leurs pièces à l'aide d'un tour, certains on choisi une autre voie, comme Kaneta Masanao par exemple.

Le tour est sans nul doute la technique de façonnage la plus récente en matière de poterie ( même si le terme récent est ici avec, pour l'Asie, des apparitions de la poterie en Chine vers 20 000 avant notre ère ou au Japon vers 15 000 avant notre ère ... le tour, toujours pour l'Asie, faisant son apparition en Chine vers 3000 avant notre ère ). Elle est par contre la plus rapide pour produire une pièce et pour manufacturer la céramique en grande série et il faudra ainsi moins de 5 minutes à un potier pour produire une coupe large.

On pense souvent que seul le tournage est la technique artisanale de la céramique, mais l'utilisation de moules pour façonner des pièces est tout autant artisanale ( le problème étant que, dans l'imaginaire collectif, on confond les pièces montées à partir de divers avec les moules de pièces coulées en une fois à partir de moules de la céramique industrielle ), comme l'utilisation d'outils pour façonner des blocs de glaise par sculpture. De fait, le tournage n'exclut pas l'utilisation de gabarits ou d'outils, comme la spatule ( Hera ), destinés à aider la mise en forme, comme on peut le voir dans la série de photographies ci-dessous ...

Senryuzan kiln

céramique de Hagi

utilisation du tour de potier japonais

tour de potier au pied traditionnel

blog sur le thé et la céramique

façonnage d'un bol

blog sur le thé et la céramique

blog sur le thé

Le potier prend donc une des boules de terre préparées à l'avance, la place sur un petit tas de glaise déjà présent sur le tour, met le tour en route ( avec ses pieds ... pas de tour électrique ici ... ) et façonne la forme de base en un tour de main ... les parois montent rapidement et un gabarit aide le potier à contrôler la profondeur et la largeur voulue pour son bol ... une outil de forme en bois aide encore rapidement à aplatir la ligne générale et à former de large bords ... le bref passage d'un fil sous le pied permet de séparer ce qui était encore il y  a peu une boule de glaise du support de terre et il ne reste plus qu'à poser l'ouvrage sur une planche de bois où elle va être mise à sécher en compagnie d'autres pièces ...

... Ne reste plus qu'à finir le pied, qui va généralement être entaillé, puis à mettre l'engobe ... et à cuire ... et naturellement, à mettre en vente ... maintenant ainsi la tradition.

9 mai 2015

Collections III

blog sur le thé et la céramique

Week-end prolongé aidant, c'est l'occasion de finir la réorganisation entamée il y a un petit moment ... cette fois-ci, c'est le tour des Yunomi de sortir de leur boite ...

blog sur le thé blog sur le thé
blog sur le thé et la céramique thé et céramique
tea addict céramique de bizen

Ainsi que celui des guinomi, des tasses à thé de petite taille et autres coupes de porcelaine chinoise ...

coupe à saké

blog sur le thé tasse à thé
tea addict thé tea addict

blog sur le thé

20 novembre 2014

Choisir une théière de Yixing : les pièges faciles à éviter

théière en terre de Yixing pour gongfucha ou gong fu cha

Le néophyte confronté à l'achat de sa première théière de Yixing est souvent taraudé par la même question : " Est-ce que ce que j'envisage d'acheter est de bonne qualité ou non ? " Il est à la fois difficile et facile de répondre à cette question car elle se rattache à la question " Suis-je en train de me faire avoir ou pas ? " ... 

... difficile car à partir d'un certain niveau de prix, la qualité de l'exécution fait que l'on rentre dans un monde "d'experts" et que les questions tournent alors plutôt sur le type de terre utilisée, si c'est bien la terre mentionnée qui est effectivement utilisée, sur le fait que l'objet ait été réalisé entièrement à la main ou non et enfin s'il s'agit bien d'une antiquité ou non ... ce ne sera pas le sujet de ce post qui sera déjà bien assez long comme cela ...

... facile en même temps, car il est aisé d'éviter les pièges les plus grossiers, à condition de faire montre de deux sous de jugeote, ce qui permettra d'éliminer un nombre incalculable de théières dites " de Yixing " très bas de gamme ou de fausses théières " de Yixing " ...

Entendons-nous tout de suite, il ne s'agit pas uniquement d'une question de prix ... cela veut dire que l'on trouvera facilement des choses innommables à des tarifs extrêmement élevés. Cela veut aussi dire que l'on peut trouver des théières tout à fait acceptables à des prix raisonnables voire modiques ... encore faut-il avoir ouvert un minimum les yeux et prendre le temps de réfléchir deux secondes ... par "acceptables", je veux désigner des théières qui pourront être utilisées sans poser de problèmes en terme de manipulation et qui ne soulèvent pas de questions plus épineuses ...

En premier lieu, il est une question absolument nécessaire qu'il est essentiel de se poser : " Quel thé vais-je y infuser ?  " ... car si une théière de Yixing doit être "idéalement" destinée à l'infusion d'une unique famille de thé - même si cela est peut être discutable, mais c'est un autre sujet - encore faut-il savoir quelle famille de thé y infuser ... et autant être franc, inutile de dépenser des fortunes en théières pour y infuser du Puerh Shu ... par contre, cela sera peut être plus intéressant pour un Wulong de qualité ou un Puerh Sheng ...

Laissez moi tout d'abord vous présenter une de mes premières théières justement achetée, après une longue hésitation et moult réflexion, car peu onéreuse, c'est-à-dire à peu près 40 €, frais de port inclus depuis l'autre bout de la planète ...

théière pour gongfucha

Il s'agit d'une théière de Yixing de forme Xishi. Elle n'a rien d'exceptionnel, elle ne transforme pas le thé médiocre en grand cru rare, elle n'est pas l’œuvre d'un grand maître ... elle fait avant tout son travail, comme le ferait un gaiwan ou un zhong en porcelaine, même si je trouve qu'elle a tendance à lisser les arômes de cave humide ... quoi qu'il en soit, pour y préparer des Puerh Shu, c'est bien suffisant ... ce qui fait que son seul vrai avantage est d'être, point commun de toutes les théières, pratique d'usage, et seulement cela.

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Cependant, même à ce prix elle est exempte de nombreux défauts de fabrication qu'il est facile d'éviter ... signes d'une qualité médiocre que je vais maintenant détailler ci-dessous ...

  • Les traces de moulage

Tout d'abord, cette dernière théière est exempte de traces de moulage visibles, ce qui signifie, alors qu'elle sort bien évidemment d'un moule, qu'il s'agit sans aucun doute d'une production en série et qu'elle n'a donc pas été réalisée " entièrement à la main ", qu'un certain soin lui a tout de même été apporté pour y gommer les traces les plus perceptibles de ce moulage ...

Les traces de moulage se trouvent généralement sur le milieu du corps, cette partie de la théière étant le plus souvent moulée en deux parties. Outre la partie soulignée en rouge ci-dessous, la plus difficile à voir, un œil attentif verra comme un accroc sur le bec ... c'est un autre signe de moulage, plus visible celui-ci ...

gongfucha
Photographie © Jiangtea Ltd
gongfucha
Photographie © Jiangtea Ltd

Détail insignifiant me direz-vous ? Pas vraiment ... c'est ici qu'entrent en ligne de compte les processus de fabrication ... car si aucun soin particulier n'est apporté à un objet de la sorte lors de sa fabrication, c'est que l'ouvrier ( car on ne peut plus parler d'artisan ici ) est pressé de produire, étant sans aucun doute payé à façon, c'est-à-dire à la pièce, et n'allant donc pas perdre de l'argent en fignolant plus que nécessaire un produit conçu dès l'origine comme bas de gamme puisque confié à une personne peu qualifiée ... et si l'ouvrier est peu payé pour produire un objet à la chaine, il y a fort à parier que l'entrepreneur qui commande ce type de théière ne sera pas près à payer non plus pour une terre de qualité acceptable ... dès lors, autant infuser son thé dans un pot de fleur, le résultat sera le même et l'objet se trouve facilement dans toute bonne jardinerie pour 4 ou 5 euros ...

On mettra dans cette même catégorie le soin apporté au travail sur la jonction entre le bec et le corps de la théière ainsi qu'au soin pour la jonction entre le bec et le corps de la théière .. ou encore la finesse de l'anse, le soin apporté au bouton, etc, bref, à toutes les finitions qui donnent une ligne harmonieuse à une théière ...

  • L'alignement bancal

En deuxième lieu, vient un autre problème révélateur d'une fabrication à la chaine peu soucieuse de la qualité du résultat final, à savoir un mauvais alignement, déjà un peu plus dur à voir ... A première vue, la théière ci-dessous n'a aucun problème, elle ne semble pas avoir de défaut et parait toute simple ...

gong fu cha
Photographie © Ebay Inc

Pourtant, elle a aussi un problème, issu d'un processus de fabrication bâclé. Une fois le corps assemblé, le potier vient y fixer l'anse et met en place le bec. Si le potier n'est pas assez adroit, si le séchage est insuffisant ou si la cuisson est mal maîtrisée, il va se produire un petit défaut d'alignement, comme on peut rapidement s'en rendre compte ci-dessous.

gongfucha
Photographie © Ebay Inc

Ainsi, en traçant une droite partant du milieu de l'anse et passant par le milieu du bouton du couvercle, on doit plus ou moins tomber au milieu du bec ... et cela même si la théière a été entièrement moulée ... donc, là encore, ce défaut est majoritairement le révélateur d'une fabrication à la chaine par un ouvrier peu doué  ou peu  intéressé par sa tâche ... même si ce dernier défaut peut encore passer à condition de ne pas être trop marqué ...

  • Le filtre raté

La facture du filtre est aussi un élément très éclairant sur le niveau de qualité de la théière. Je n'aborderai pas ici les différents types de filtres, ce sera fait dans un article consacré. On notera cependant qu'après la mode des filtres dits " balle de golf ", c'est désormais les filtres à trou unique qui sont en passe de devenir à la mode car plus faciles à réaliser ... par contre, je soulignerai ici des différences révélatrices, en particulier sur les filtres " balle de golf "...

terre de yixing

La photographie devrait se passer de commentaire mais on peut faire les remarques suivantes : A gauche, il s'agit du filtre de la théière réservée au Puerh Shu déjà présentée ci-dessus ... à droite, une théière valant près du double, soit à peu près 70 € à l'époque de son achat. Les filtres balles de golf sont toujours réalisés sur gabarit, mais la régularité des trous et la finition générale de ce type de filtre est essentielle, notamment pour une bonne verse ... si le filtre à peu de trous, si les trous se rejoignent partiellement, si le filtre est en partie cassé, cela est révélateur d'un manque de soin ... comme la fabrication de ce type de filtres est chronophage, plus une théière sera bas de gamme moins elle aura un filtre soigné ...

yixing copie ou faux
Photographie © Ebay Inc

A contrario, le fait que le couvercle s'adapte parfaitement et soit donc " étanche " n'est en aucun cas un signe de qualité ... c'est juste le signe qu'un gabarit a été utilisé ou que l'ouverture et le couvercle ont été moulés ... Une excellente théière que je possède a ainsi un couvercle qui se balade largement et qui fuit légèrement suivant la position dans laquelle on tourne le-dit couvercle ... elle aurait été fabriquée vers la fin des années 80 par un sous-traitant de la fameuse "Usine n° 1" selon des critères de qualité un peu plus "lâches" mais fait bien son travail et est faite dans une excellente terre :

gongfucha

Tous les points énumérés ci-dessus ne sont pas graves en eux-mêmes, ils n'empêchent pas d'utiliser la théière, ni ne mettent l'utilisateur en danger. Il sont justes révélateur d'une production de série et plus ces défauts s'accumulent sur une même théière, plus ils sont le signe d'une mauvaise qualité de terre. Ainsi, plutôt que d'acquérir ce genre d'article, on économisera quelques sous supplémentaires pour acquérir une théière de milieu de gamme, qui ne coûtera pas beaucoup plus cher, mais qui sera largement meilleure. Sinon, si l'envie de se lancer dans l'achat d'une théière n'est pas prédominante car la théière à avant tout un aspect pratique, l'achat d'un Gaiwan en porcelaine de facture simple offrira toujours un meilleur résultat qu'une théière de Yixing douteuse et sera également moins cher.

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Rentrons maintenant dans les défauts rédhibitoires ... là encore, je serai clair, à mon sens, la présence d'un seul d'entre eux est le signe que l'achat ne doit absolument pas se faire ...

  • La fausse terre de Yixing ou comment faire passer de la terre à pot de fleurs pour de la terre de Yixing :

La terre de Yixing n'est naturellement pas la seule argile dans laquelle on peut faire des théières valables, loin s'en faut, mais c'est certainement le style de théières le plus copié, à cause de l'engouement suscité par cet objet chez les buveurs de thé en général et chinois en particulier. De plus, de longue date en Chine, une personne instruite et de qualité se doit de posséder et d'étudier des objets du passé, qui plus est si elle a de l'argent ... les anciennes théières de Yixing étant de ces objets à contempler ... le tout explique finalement la flambée des prix de ces théières, simplement par la hausse du nombre de chinois pouvant se payer de tels objets ...

Naturellement, tout ce qui est cher et prisé par les collectionneurs est copié ... Mais les faux grossiers sont assez faciles à repérer, parce qu'ils ne sont pas destinés à des collectionneurs éclairés, mais à des personnes qui n'y connaissent rien, pensant que tous les produits se valent, et cherchent avant tout " une bonne affaire " ...

gongfucha
Photographie © Ebay Inc

gong fu cha
Photographie © Ebay Inc

La terre, qui n'est pas une terre de Yixing, est donc littéralement camouflée sous une couverte légère qui vise à cacher une couleur trop pâle et une texture trop lisse. La plupart du temps, ce type de camouflage ne tient pas devant un examen simple qui consiste à soulever le couvercle et à regarder l'intérieur ou à la retourner et chercher les points de frottement où la couverte ne peut se fixer, comme les endroits où la théière est posée lors de sa cuisson, notamment le dessous. La couverte est parfois même si mal posée, qu'il est difficile de passer à côté d'un travail aussi bâclé.

gongfucha
Photographie © Ebay Inc
gongfucha
Photographie © Ebay Inc

Pour l'anecdote, les deux exemples ci-dessus sont également pourvus de rehauts de couleurs douteux qui semblent être des décalcomanies / transferts. Ces théières semblent également avoir été artificiellement vieillies par une application de vieille huile ( au choix, vieille huile de friture rance, huile de vidange usagée, goudron liquide, ... tant que c'est sombre, graisseux et que cela laisse une teinte sombre après le passage d'un chiffon pour enlever le surplus, c'est utilisable ... de toute façon, pour le goût dans votre tasse, le vendeur n'est plus concerné ... ) qui donne cette patine un peu sombre, comme si la théière avait connu de nombreuses infusions sur une longue période ( raison pour laquelle il s'agit aussi d'une technique répandue chez les faussaires vendant de fausses céramiques "antiques" ).

Il existe aussi des fausses théières de Yixing, comme celle ci-dessous, réalisées dans une terre médiocre qui va légèrement se vitrifier un peu plus à l'extérieur qu'à l'intérieur lors de la cuisson car la terre utilisée n'est clairement pas adaptée à la réalisation de céramiques, du moins pas de telles céramiques ... puisque c'est réellement de la terre à pots de fleurs ... Il arrive fréquemment qu'une telle théière se craquelle à certains endroits lors de l'utilisation car l'extérieur est plus vitrifié, donc plus rigide, que l'intérieur qui est resté un peu plus "mou" ... cette différence engendre les craquelures du fait de réactivités différentes lors des dilatations et des contractions. La théière semble alors percée ou fissurée de part en part, mais il n'en est rien car la fine couche extérieure est seule touchée.

mauvaise terre de yixing

  • La teinte dans la masse ou comment faire passer de la terre courante pour de la terre Zhuni :
  
Certains modèles, avec une teinte dans la masse, donc où l'on a teinté la totalité de la terre utilisée et non plus seulement sa surface, sont plus difficile à détecter pour celui qui n'a jamais vu une vraie théière de Yixing. Difficulté supplémentaire, les théières bas de gamme fabriquées réellement à Yixing en grande série utilisent également ce type de terre.

gongfucha
Photographie © Jiangtea Ltd

La terre est ici entièrement teintée artificiellement. C'est le type de modèle de théière de Yixing bas de gamme le plus difficile à détecter sans expérience. On pourra cependant se fier à des détails techniques, comme l'anse grossièrement exécutée et sans aucune finesse ... un bon indice également est généralement le rehaut en couleur de la gravure, pour rendre la théière plus attractive, et sur lequel nous reviendrons par la suite.

Toutes les teintes dans la masse ne sont cependant pas mauvaises et toutes les théières de couleur entièrement teintées dans la masse ne sont pas synonyme de mauvaise qualité, à condition que la mise en couleur se fasse avec une argile qui soit d'une qualité suffisante. L'emploi de la couleur sert alors à créer un effet artistique, sans se faire au détriment de la qualité et n'est pas un moyen de masquer la médiocrité.

terre de yixing colorée

Ici, l'emploi de la couleur répond à certains critères : teinte complète ou ajout de morceaux de décors entièrement teintés sur une théière d'une autre teinte. Pour l’achat de ce dernier type de théière, il vaut mieux avoir le modèle dans la main pour juger de la qualité de la terre, car l'inspection d'une photographie ne suffira généralement pas ... et ne pas oublier que plus il y a de couleurs, plus il faut ouvrir l’œil.

théière pour gong fu cha
Photographie © Ebay Inc

Par exemple, pour les théières présentant un "damassage" de mêmes terres teintées dans la masse par différents oxydes, un motif très semblable doit pouvoir se retrouver tant sur la paroi interne de la théière que sur la paroi externe, comme on peut le voir ici sur le couvercle.
 
  • Le rehaut de couleur :

Une fine gravure avec un beau motif ou une belle calligraphie est sans conteste un élément apportant un charme supplémentaire, même lorsqu’il s'agit seulement de "gravures" réalisées par empreintes de tampons. Mais cela peut également constituer un problème potentiel quand des couleurs artificielles sont employées ...

gong fu cha

gongfucha

Une gravure est normalement de la même couleur que la terre, quelle que soit cette terre, comme sur les exemples ci-dessus, pour les cuissons à "faible" température. Pour les cuissons à une température plus élevée, les gravures ressortent plus claires car la vitrification est plus importante. Le fait de graver cette surface va donc "casser" cette vitrification et la lumière va se refléter différemment ... en règle générale, si l'on passe de l'eau sur cette gravure, l'effet de blancheur va s'estomper et retrouver une certaine unité de couleur proche de celle du reste du corps de la théière. Si la couleur ne change pas, c'est qu'il s'agit d'une couleur appliquée ... naturellement, la plupart du temps, impossible de s'en rendre compte tant qu'on n'a pas mouillé la-dite gravure, ce qui complique les achats sur le net ...

Gong Fu Cha thé et céramique

Si une couleur est utilisée, voire deux, c'est qu'elles sont artificielles, dans l'immense majorité au sens négatif du terme car il est rare que cela soit un vrai émail posé après gravure et recuit ...

Après gravure, un ouvrier est alors payé pour passer un ou deux coups de pinceaux et d'encres indélébiles ... on voit même des théières où l'ouvrier n'a pas pris la peine d'essuyer les bavures ou les taches de manipulation faites avec des doigts pleins d'encre, et d'autres où l'encrage ne tient pas ... Même si la couleur la plus fréquemment utilisée est le noir, les marqueurs indélébiles de toutes couleurs sont également souvent employés ... et pour ce qui est du prix, cette technique ne le renchérit même pas vu les bas coûts de main d’œuvre et le prix dérisoire des fournitures nécessaires ... petit florilège :

théière de yixing bas de gamme
Photographie © Jiangtea Ltd
théière de yixing avec gravure coloriée au marqueur
Photographie © Jiangtea Ltd

théière polluée
Photographie © Jiangtea Ltd

Si la remarque est valable pour les théières passées au noir ou au rouge, elle l'est encore plus pour les rehauts "à l'or", très à la mode en Chine. Il ne s'agit bien sûr pas de feuille d'or, car trop cher ( au cours du marché de ce jour, le gramme d'or est à 30,30 € ), et encore moins d'une couverte à l'or, car cette dernière technique nécessiterait une deuxième cuisson, ce qui entrainerait trop de pertes ...

théière avec filet d'or de décoration
Photographie © Jiangtea Ltd
Naturellement, cela s'applique également à la mode des théières de Yixing "à fleurs", que la théière en soit entièrement couverte ou pas ... dans le meilleur des cas, ce ne sera qu'une glaçure ( qui donnera par ailleurs un petit côté brillant dû à la vitrification ), c'est à dire un vrai émail, fait à la main ou posé par décalcomanie ... dans le pire des cas, ce sera un émail dit " à froid ", en réalité des résines et des résines époxy qui contrefont très bien un décor sur couverte, du moins tant que l'on ne voit l'objet qu'en photographie de qualité moyenne.

copie de théière de yixing
Photographie © Ebay Inc

copie de théière de yixing
Photographie © Ebay Inc

Pour conclure, le meilleur moyen de ne pas se tromper est de ne pas se précipiter, de prendre le temps de la réflexion sur l'usage auquel on destine la théière, de comparer le plus longuement possible - y compris dans des boutiques physiques si on le peut - le plus de théières possibles, de prendre un ou des avis extérieurs de personnes qui ne seront pas impliquées, de ne pas se focaliser seulement sur le prix que l'on veut y mettre ou sur le prix auquel on estime l'objet et surtout d'observer longuement la théière retenue à la recherche de défauts ... car le bon sens allié à un peu d'éclairage technique restera votre meilleur allié.